Historique Mise sur pied | Organisation | Campagne de France | Général Henry Martin Parcours de Guerre de la 87e DIA en 1939-1940 Témoignages | L'Algérie en 1939 | Les "indigènes" dans l'Armée d'Afrique Unités 9e Zouaves | 17e RTA | 18e RTA | 87e RA | 287e RALD | 320e RACP | 87e GRDIA | 36e BCC Commémorations et reconstitution 18e RTA 1940 | France 40 | L’amitié entre les anciens adversaires de la Bataille de l’Ailette 1940 Mise sur pied La 87e Division d'Infanterie d'Afrique (DIA) est mise sur pied en Algérie le 2 septembre 1939 dans la Xe Région Militaire à Constantine (Etat-Major, QG, Services). Son numéro 7 (dans la série 80) la rattache à la Division de Constantine selon les principes de numérotation. Ses unités proviennent des trois départements d'Algérie :
La 87e DIA est une division de "formation", qui n'existe pas en temps de paix, du type "outre-mer motorisé" (elle sera transformée en type "nord-est" en France en novembre 1939). C'est une division de Série A, l'encadrement et le matériel sont à peu près équivalents à celui des unités d'active (les unités de Série B sont créées de toute pièces, les effectifs et le matériel y sont bien souvent incomplets). L'effectif de la 87e DIA est composée à 80 % de réservistes, ce qui en fait une division de troisième catégorie (les unités de 1e et 2e catégorie étant respectivement composées de 50 % et 60 % de réservistes). Sur le Front Tunisien A partir du 5 septembre, la division fait mouvement vers sa zone de concentration en Tunisie. Elle est dès lors rattachée à l'état-major du corps d'armée de Tunisie, état-major du commandement des troupes du Maroc. Le stationnement de la division est réalisé le 25 septembre, son Etat-Major est à Zaghouan. La division poursuit sa mise sur pied, son instruction et effectue des reconnaissances pour le plan de défense du front nord-tunisien (contre une attaque italienne par la Libye voisine). Le 21 octobre, la division est désignée pour le théâtre d'opération métropolitain. Les Divisions d’Infanterie d’Afrique (DIA) sont constituées en Afrique sur le type Outre-Mer et les Divisions d'Infanterie Nord Africaine (DINA) en métropole sur le type Nord-Est. Le 19e RTA permute alors avec le 9e Régiment de Zouaves venant de la 85e DIA. Le 9Z (Alger, Aumale, Fort National ; Centre Mobilisateur Afr 5) est une unité d'active appartenant avant la mobilisation en 1939 au 19e Corps d'Armée, Division d'Alger, 1e Brigade d'Infanterie Algérienne, Alger. Les 17e et 18e RTA sont des unités
de réserve qui n'existent pas en temps de paix,
formés à partir des régiments
d'active :
Le drapeau du 9e Zouaves porte en 1939 les inscriptions : Yser 1914, Verdun 1916, Coeuvres 1918, Saconin 1918, Breuil 1918, Montdidier 1918, Berry-au-Bac 1918, celui du 17e R.T.A. : Maroc 1925-1926 et celui du 18e R.T.A. : Levant 1920-1926 (Liban et Syrie à l'époque).
Les 17e et 18e R.T.A. n'auront pas le temps de se doter d'un insigne en 1939-40. La division regroupe diverses unités provenant de toutes les armes (infanterie, artillerie, cavalerie, transmission, ... v. détail ci-dessous). Dans ces unités, toutes sous commandement français, le pourcentage de soldats nord-africains, désignés par les termes de soldats "indigènes", "arabes" ou "musulmans", est variable : environ 75 % dans les Tirailleurs, 70 % dans les Spahis, 40 % dans l'artillerie, 50 % dans le Génie et les unités du Train, ... Le reste des effectifs est constitué de Français d'Afrique du Nord ou de métropole. Chez les Zouaves, le recrutement est exclusivement français, d'Afrique du Nord ou de métropole. La 87e DIA fait mouvement vers Bizerte à partir du 2 novembre et embarque à partir du 6 pour la France sur quatre paquebots : Djebel Aures, Djebel Nadar, Siema et Sphinx, escortés par deux navires de guerre. Elle débarque à Marseille à partir du 8 et est transportée par voie ferrée dans la XVIe Région Militaire de Montpellier pour y être transformée sur le type nord-est. EM, QG et 18e RTA à Montpellier, 17e RTA à Albi, 9e Zouaves à Castelnaudary, ... L'effectif est renforcé de chasseurs alpins de l'Hérault, de la Haute-Garonne, du Gard, ... Dans la région d'Arcis-sur-Aube La division est transportée par voie ferrée à partir du 27 novembre dans la zone des armées et débarque dans la région d'Arcis-sur-Aube pour recomplètement en matériel, instruction, manoeuvres, tirs. PC à Arcis-sur-Aube. Elle reçoit là l'équipement 1935 et le MAS 36. A partir du 27 février 1940, elle fait mouvement dans la région de Dieuze, Avricourt, Benestroff (Moselle), PC à Dieuze, puis à partir du 1er mars vers la région de Sarreguemines.
Organisation de la 87e DIA
Parmi ces unités provenant de toutes les armes, l'infanterie, l'artillerie et la cavalerie jouent un rôle particulièrement actif au combat. Chaque Régiment d'Infanterie de la division (deux de Tirailleurs et un de Zouaves pour la 87e) regroupe en principe trois bataillons, une compagnie de commandement, une compagnie régimentaire d'engins, et une compagnie hors rang, pour un effectif total de quatre-vingts officiers et environs trois mille hommes, 200 voiturettes ou voitures hippomobiles, une cinquantaine d'automobiles et neuf chenillettes, 112 FM, 48 mitrailleuses dont le cas échéant 12 canons antiaériens de 20 mm, 36 lance-grenades ou 144 tromblons VB, 9 mortiers de 60 mm, 8 mortiers de 81 mm et 12 canons antichars de 25 mm. A la mobilisation, l'organisation des Régiments de Tirailleurs étaient légèrement différente (v. page sur les Tirailleurs) Le Régiment d'Artillerie à 3 groupes de canons de 75 ... Le Régiment d'Artillerie à 2 groupes de 155 C est constitué, outre l'état-major de régiment et la batterie hors rang, de deux groupes à trois batteries montées (soit 12 canons par groupe) et une colonne de ravitaillement, soit 20 officiers et 768 hommes par groupe et 47 officiers et 1673 hommes et 24 canons de 155 C pour l'ensemble du régiment. Le Groupe de Reconnaissance de
Division d'Infanterie
(G.R.D.I.),
seule unité de cavalerie de la division, se compose d'un
état-major, un
escadron à cheval (provenant du 3e Spahis
Algériens), un
escadron motocycliste (du 10e Dragons ?), un escadron
de
mitrailleuses et canons et un escadron hors-rang, soit un effectif
total de 26 officiers 620 hommes et 240 chevaux, 70 autos et 90 motos
ainsi que 24 FM, 10 mitrailleuses, 2 mortiers de 60, 3 canons antichars
et 1 canon d'infanterie ou 1 canon antichars de 25. Sur le front de Lorraine A partir du 4 mars, la 87e DIA
relève la 7e Division
d'Infanterie Coloniale dans
le
secteur Centre du Secteur Fortifié de la Sarre. Le Secteur Fortifié de la Sarre, est une partie de la ligne Maginot, situé entre le secteur fortifié de Faulquemont à l'ouest et le secteur fortifié de Rohrbach à l'est. Il forme une ligne le long de la frontière allemande, de part et d'autre de la Sarre, de Lelling à Achen (Moselle). Les fortifications du secteur sont particulièrement légères, s'appuyant sur des inondations, on parle de « ligne Maginot aquatique ». Le secteur est sous le commandement de la 4e Armée du Gal Requin. Secteur de la division : - Limite ouest : lisières
nord-ouest de Grossbliederstroff (liaison avec la 14e DI), Puttelange
exclu, La prise de commandement du secteur a lieu le 6 mars à 12 heures. PC de la division à Honskirsch. Organisation de la position : - Position de couverture : PA
de Grossbliederstroff,
cours de la Sarre et de la Blies - Position de résistance :
Remering-les-Puttelange, cours de l'Albe, Sarralbe, Herbitzheim : Réserves de DI : 1 Btn du 17e RTA, 1 Btn du 18e RTA Du 6 mars au 1er mai la division effectue des patrouilles, coups de main, travaux, ...
Ordre
Général n° 23. Au
moment où la 87e division d'infanterie d'Afrique quitte le
secteur où elle a fait ses premières armes, son
chef,
sûr d'être l'interprète des
pensées de tous,
salue du fond du coeur les vaillants tombés face
à
l'ennemi en accomplissant bravement leur devoir et adresse aux
blessés et aux malades encore hospitalisés
ses
voeux de prompt et complet rétablissement. Barbeyrac de Saint-Maurice.
À partir du 2 mai, la 87e est relevée par les 82e DIA et 52e DI en ligne à droite et à gauche de la 87e et regroupée en arrière de la ligne fortifiée dans la région de Dieuze, Benestroff (Moselle). Le 10 mai, la division est mise en alerte et regroupée prête à intervenir sur la position intermédiaire au nord de Château-Salins (XLIIIe CAF (30e, 44e DI, 4e DIC) 5e Armée, GA2), en Réserve du Groupe d'Armées 2 (GA 2, gal Prételat). Le bruit court qu'elle va prendre part à l'offensive général en Belgique. Les 15 et 16 mai, du fait de la progression des allemands, le mouvement initialement prévu sur Hirson est effectué vers la région de Pierrefonds. La division apprend en route que l'ennemi serait dans la région de Laon, après avoir franchi les Ardennes et ouvert une brèche entre les 9e et 2e armées françaises sur la Meuse. La division est affectée au Détachement d'Armée puis 6e Armée Touchon (XVIIe CA) en cours de formation, envoyé colmater la brèche entre les 9e et 2e armées. Elle doit débarquer dans la région de Saint-Quentin - Guise. Dans le même temps, le 15 mai 1940, le colonel de Gaulle
commandant la 4e Division Cuirassée (4e DCr), en cours de
formation, a été appelé au Grand
Quartier Général, où Doumenc et
Georges lui confient la mission de protéger la mise en place
par la 6e armée Touchon d'un front défensif sur
l’Aisne et l’Ailette pour barrer la route de Paris
:
“
Le commandement veut établir un front défensif
sur l’Aisne et l’Ailette
pour barrer la route de Paris. La 6e armée,
commandée par le général
Touchon, formée d’unités
prélevées dans l’Est, va s’y
déployer. Avec la
4e Division Cuirassée, opérant seule en avant
dans la région de Laon,
il faut gagner le temps nécessaire à cette mise
en place. Le général
Georges, commandant en chef sur le front Nord-Est, s’en remet
à vous
des moyens à employer. D’ailleurs, vous
dépendrez de lui seul et
directement. Le commandant Chomel assurera la liaison.
”
Le 16 mai au matin, elle reçoit l'ordre du général Touchon de prendre le commandement de la 2e D.C.R. et de contre-attaquer en direction du sud les chars ennemis qui progressent à l'ouest de Montcornet avant de se raccrocher en fin de manoeuvre aux unités tenant l'Aisne plus de 60 kilomètres séparent l'Oise entre Guise et Hirson de l'Aisne .... La division est encore à cet instant au sud de l'Aisne à plus de 70 kilomètres de là.
Dans la journée du 16 mai, les blindés allemands poursuivent en direction de Vervins (6. PzD) et Hirson (8. PzD) tandis que de nouvelles unités arrivent au nord de Laon. Le PanzerKorp Guderian, 1. PzD au sud et 2. PzD au nord, venant de Sedan, établit des têtes de pont sur la Serre à Lugny, Thiernu, Marle et Dercy. La route de Paris est désormais ouverte constate Gamelin qui donne l'ordre de s'opposer à toute extension vers le sud de la poussée ennemie en tenant les ponts de l'Aisne et du canal de l'Oise à l'Aisne. La 6e Armée va finalement établir un front défensif sur l'Aisne et l'Ailette "pour barrer la route de Paris" avec la 4e Division Cuirassée du Colonel de Gaulle opérant "seule, en avant, dans la région de Laon" afin de "gagner le temps nécessaire à la mise en place de l'armée Touchon". Ayant parcouru 350 kilomètres jusqu'à Paris et encore 100 jusqu'à l'Aisne, les premiers éléments de la division débarquent le vendredi 17 mai à Compiègne et Attichy (Oise), le GRDI occupe les ponts de Compiègne, Choisy-le-Bac, Le Francport, Rethondes. PC à Pierrefonds. Elle découvre là l'ampleur du désastre ; retraite des armées, exode des populations, Pétain, 84 ans, rappelé au gouvernement et Weygand, 73 ans, à la tête des armées, afin d'incarner le sursaut des armées ... tandis que nos chars contre-attaquent vers Moncornet et que la nouvelle 7e Armée Frère, en cours de constitution avec quelques éléments redescendus des Pays-Bas, arrive sur la Somme et l'Ailette, à gauche de la 6e Armée.
Combats
sur l'Ailette Le 18 mai, la Division fait mouvement sur l'Ailette à tenir du Bac-d'Arblincourt (liaison avec la 23e DI, XXIVe CA 7e Armée) au pont de Courson exclus (liaison avec la 28e DI, XVIIe CA de la 6e Armée). Le GRDI occupe les ponts sur l'Oise de Brétigny à Abbécourt puis passe en réserve de division dans la région de Vassens, Vaux le 20. Le 21, il prend contact avec l'ennemi au nord de l'Ailette le à Verneuil-sous-Coucy et Coucy-le-Château. Le PC de la Division s'installe à Morsain le 20 puis à Vassens. La Division organise la position et effectue des travaux.
Le
front de la Division
s'étend alors
sur près de 15 kilomètres. Selon les manuels, une
D.I. tient
défensivement sur 6 kilomètres d'une position
organisée. Dans le cas
présent, il n'y a que peu de positions
organisées, pas de tranchées,
pas d'aviation, pas même l'avion de reconnaissance
divisionnaire de la
grande guerre. Carte
Weygand
qui succède à Gamelin à la
tête
des armées françaises le dimanche 19 mai, "pour
organiser la contre
offensive" a fait adopter par la force des choses à ses
unités une
défense en points d'appui espacés
organisés en hérisson. Il n'est plus
question de front de tranchées continu, seuls les villages,
bosquets,
collines, ponts, carrefours, ... sont défendus dans toutes
les
directions. Les intervalles laissés libres sont battus par
les feux
croisés de l'artillerie Le samedi 25 mai, venant de la 63e DI, où il commandait l'infanterie divisionnaire, le colonel Henry Martin remplace à la tête de la 87e DIA le général Barbeyrac de Saint-Maurice. Le colonel Martin se retrouve non loin de Chauny où il fut grièvement blessé le 6 avril 1918.
Ordre
Général n° 8. Je prends avec fierté et
confiance à la date du 25 mai, 18 h. 30, le commandement de
la 87e D.I.A. Le Colonel commandant p. i. la 87e
D.I.A.,
A partir du 31 mai, la 7e DI (XVIIe CA de la 6e Armée) est introduite sur l'Ailette et relève des éléments dans la partie est du front de la division. Le 31 mai à midi, la division est rattachée au XXIVe CA de la 7e Armée Frère. Le front de la division est raccourci à l'est au pont 1.800 mètres à l'est de Pont-saint-Mard exclu et étendu le lendemain à l'ouest jusqu'à l'Oise exclue, liaison avec la 23e DI. Le dispositif réalisé est le suivant (3 sous-secteurs) : - Ouest : de l'Oise exclue au
pont de Champs exclu : 18e RTA, Réserve de division : II/17e RTA à Vézaponin, Epagny (5e Cie prête à soutenir les Tirailleurs, 7e Cie prête à soutenir les Zouaves), GRDI à Cuts et Nampcel. A
la veille de l'attaque allemande, la « Ligne Weygand
» regroupe à
gauche la Xe Armée du Gal Altmayer sur la Somme de la Manche
à l'est
d'Amiens. Au centre, la VIIe Armée du Gal Frère,
sur la Somme, le Canal
Crozat et l'Ailette de l'Oise à Coucy-le-Château,
dont la 87e DIA
constitue l'aile droite face à la jonction des VIe et IXe
armées
allemandes. A droite, sur l'Ailette puis l'Aisne la VIe
Armée du Gal
Touchon. Ces trois armées forment le Groupe
d'Armées n°3 (GA3) du Gal
Besson. A sa droite, de l'Aisne à la Ligne Maginot, les IVe
Armée du
Gal Requin et IIe Armée du Gal Faeydenberg forment le GA4 du
Gal
Huntziger.
L'attaque allemande Le front
français le 4 juin 1940 au soir
Croquis réalisé à partir des archives allemandes et françaises Mercredi 5 juin, après une préparation d'artillerie sur tout le front, le canal est attaqué à 4 h 20 et franchi par embarcations. Après d'âpres combats et au prix de lourdes pertes, de profondes infiltrations sont réalisées au sud de Bichancourt et entre Pont-Saint-Mard et Crécy-au-Mont. Dans l'après-midi l'ennemi progresse sur tout le front, Saint-Paul-aux-Bois puis Manicamp au nord sont pris, Trosly-Loire encerclé au centre, Pont-Saint-Mard perdu au sud. Les PA avancés encerclés résistent. Les réserves sont engagées. En fin d'après-midi, l'ennemi progresse à l'est de Selens. À la nuit, Besmé est pris. L'attaque est arrêtée. Les bombardements ennemis se poursuivent dans la nuit. Le 6 au jour l'attaque ennemie reprend et progresse freinée par les destructions de la veille et la résistance des PA avancés encerclés mais favorisée par l'insuffisance des moyens d'artillerie appuyant la division. La liaisons est perdue à droite avec la 7e DI. Le 17e RTA est rejeté sur Vis-sur-Aisne. Dans la nuit, par ordre du XXIVe CA, le repli sur l'Aisne commence couvert par les 87e GRDI et 16e GRDI de la 11e DI en direction des ponts de l'Aisne tenus par la 11e DI. Le repli se poursuit durant la journée du 7 juin, les Zouaves combattent à Audignicourt. Le franchissement de l'Aisne est achevé vers midi. PC de la division à Vic-sur-Aisne puis à Taillefontaine puis à Mortefontaine. Dans l'après-midi, la division se regroupe et se remettent ordre : - 18e RTA à Vieux-Moulin, Au cours de ces deux jours, les pertes ont été sensibles. Les deux RTA sont sont réduits chacun à la valeur d'un faible bataillon, le 9Z à 2 petits bataillons. L'artillerie est réduite à 2 groupes I et II avec respectivement 8 et 11 pièces. Les groupes d'AL du 287e ont conservé toutes leurs pièces. C'est le début d'un long périple.
Combats sur l'Aisne Le 8 juin, la division reprend le combat au sud de l'Aisne. Dans la matinée, le 17e RTA, le 9Z et le GRDI occupent face à l'est la bretelle Montigny-Lengrain, Mortefontaine, en liaison au nord avec la 11e DI et au sud avec des éléments de la 8e DI aux lisières nord des forêts de Villers-Cotterêts. Le18e RTA est en réserve de division à Chelles et Roye-Saint-Nicolas. PCDI à Mortefontaine. Vers 17 heures, l'ennemi est au contact au nord puis attaque sur Montigny-Lengrain. Vers 17 h 30, l'ennemi est au contact au sud devant la ferme de Pouy (2 km nord-est de Mortefontaine), il est stoppé mais continue de s'infiltrer de nuit au nord et encercle Montigny-Lengrain. Le 9 juin, dans la nuit à 3 h 45, le 17e RTA, gauche de la division, se replie de Montigny-Lengrain sur Hautefontaine puis Chelles. PCDI à Retheuil le matin. Au jour, les allemands attaquent sur Chelles et la ferme de Pouy et reprennent leur attaque à 15 heures. Ces attaques sont repoussées avec de fortes pertes allemandes. Dans la nuit, sur ordre de la 11e DI, la division se replie sur une ligne Chelles, Roye-Saint-Nicolas, Taillefontaine couvert par le 87e GRDI aux débouchés est de Bérogne (Chelles) et les Bourbettes et le 16e GRDI (11e DI) à Roye-Saint-Nicolas, Marival et Longavesne. Le 10 juin, les attaqueq ennemies sur Taillefontaine puis Chelles sont repoussées. Les allemands s'infiltrent au nord de St-Etienne en forêt de Compiègne et au sud de Taillefontaine. A le nuit, ordre de repli en direction de la Gergogne (sud du département de l'Oise), couvert vers l'est par le 87e et le 16e GRDI sur l'axe Feigneux, Lévignen. Rencontre avec l'ennemi à Crépy-en-Valois. Le 87e GRDI est engagé à Feigneux et le I/9e Z à Crépy-en-Valois permettant le repli sur Puiseux par l'axe Béthancourt-en-Valois, Magnéval, Séry (ouest de Crépy). Le 11 juin, le repli se poursuit dans la matinée. Des éléments du 87e GRDI sont capturés à Feigneux et du I/9e Z à Crépy-en-Valois. Dans l'après-midi, la division occupe une 2e position sur la Gergogne de Bouillancy (sud de l'Oise) à Vincy-Manoeuvre (nord de la Seine & Marne, nord-est de Paris), PCDI à Puiseux, derrière la ligne Chauvineau (Groupe est, secteur n°6) "avec la 11e DI encadrées par les 7e DINA et 3e DLI. Ils trouvent sur place des éléments de l'armée de Paris dont des artilleurs de marine qui sont intégrés au dispositif". Le 12 juin, après une nuit et une matinée calmes, le 9Z est envoyé en reconnaissance à Acy et le GRDI à Rozoy-en-Multien en vue d'un soutien éventuel à la 57e DI. Vers 17 heures, l'ennemi ayant atteint la Marne à Nogent-l'Artaud, la division reçoit l'ordre de se replier au sud du Grand-Morin. Dans la nuit, couverte par le GRDI et le 17e RTA en bouchon au carrefour à l'est d'Etrepilly, la division se replie sur l'axe Puiseux, Barcy, Meaux, Quincy. Le repli est terminé en fin de nuit. Repli
vers le centre - Esbly : 18e RTA * Le château de Montry était depuis janvier 1940 un des 3 GQG de l'armée française en 1940. A mi-chemin entre Vincennes (Gamelin, chef d'état-major général, à la tête du GQG) et La Ferté s/Jouarre (Georges, adjoint du général Gamelin puis commandant en chef du Théâtre d'Opérations Nord-Est), il était occupé par Doumenc, major général du GQG. Le GQG évacue la région parisienne à partir du 8 juin pour s'établir dans les châteaux autour de Briare, sur la Loire à partir du 10 juin 1940. Deux bataillons du 344e RI tiennent les intervalles et points d'appui arrières de Magny-le-Hongre et un bataillon Romainvillers, PCDI. Le 87e GRDI est en réserve à Villeneuve-le-Comte. Le 344e RI, régiment de réserve de la XVIIIe Région Militaire de Bordeaux, a été tout d'abord envoyé en Afrique du Nord à la 83e DIA, qui reste en Afrique du Nord tandis que le régiment est rapatrié en métropole et affecté à la 87e DIA à/c du 13 juin 1940. En début d'après-midi, la division reçoit l'ordre de se replier au sud de la Seine. L'infanterie se regroupe dans les bois à l'est et au sud de Villeneuve-le-Comte. L'embarquement en camions de l'infanterie a lieu tard dans la nuit. Le 14 juin, la
division arrive sur ses positions dans la matinée et
organise celles-ci de Samois
à Veneux-les-Sablons exclu en quatre sous-secteurs : - Samois : 334e RI,
- Vulaines : 18e RTA et 19e BATS trouvé sur place, - Avon : 17e RTA, - Champagne-sur-Seine : 9e Z Deux têtes de pont sont organisées à Vulaines et Champagne. La division est en liaison au nord avec la 7e DINA au sud de Fontaine-le-Port et au sud avec la 2e DLIC vers St-Mammès. Le GRDI est en réserve
à Avon avec le PCDI (Seine
& Marne près de
Fontainebleau). Le 16 juin à partir de 0 heure, ayant parcouru 150 km depuis l'Ailette, ce qui reste de la division se regroupe au carrefour de l'Obélisque, au sud de Fontainebleau, (9e RZ, 344e RI, 19e BATS prêts à embarquer) couvert par le GRDI, le 17e et le 18e RTA en place aux lisières nord et ouest de la forêt de Fontainebleau et sur la Seine. L'embarquement a lieu au petit jour. Au jour, les éléments de protection se replient à pied avant d'embarquer vers 10 heures dans la région de La Chapelle-la-Reine. Le mouvement de la colonne est protégé par le II/9Z en place aux sorties nord de Ladon (Loiret). Le pont sur la Loire de Sully ayant été endommagé par l'ennemi, le convoi est dirigé vers Gien. Des éléments des 9e Z, 19e BATS et 18e RTA sont débarqués vers les Bordes et Bonnée (au nord de Sully-sur-Loire) où la résistance est organisée par le colonel commandant l'Infanterie Divisionnaire. Le 17 juin, l'avance ennemie est ralentie par les éléments à pied résistant à les Bordes et Bonnée. La Loire est franchie à Gien par la colonne auto et regroupement des éléments rescapés dans la région de Cerdon, (Loiret, à la limite du Cher). PCDI à Cerdon l'après-midi. Les éléments motorisés du GRDI ne peuvent dégager les éléments encerclés à les Bordes et Bonnée. L'appel du général ... Besson Au soir du 17 juin, en réponse à l'annonce prématurée d'un armistice lancée à la radio par Pétain, nouveau chef du gouvernement, le général Besson commandant le 3e Groupe d'Armée, auquel appartient la division, lance à ses hommes un appel solennel :
Le 18 juin, la division est réorganisée avec l'appoint du 19e Bataillon Autonome de Tirailleurs Sénégalais et le 344e R.I : - Infanterie : - Groupement
mixte 9e RZ, 17e RTA aux ordres du col Tasse, Les troupes sont fatiguées mais le moral est aussi bon que possible. Dans la matinée, départ de l'artillerie et en début d'après-midi de l'infanterie, à pied. Regroupement au soir dans la région nord-est de Salbris (Loir-et-Cher au nord de Vierzon) à La Rebutinière, Le Ruisseau, Solesmes, Les Tannières. Le ravitaillement est effectué et la division au repos. PCDI à Les Loges (6km nord-est de Salbris) dans l'après-midi. Le 19 juin, la division commence son mouvement vers le Cher couvert par le 17e RTA à la Selles-St-Deniset le 87e GRDI tenant les carrefours de la route Le Bas-Many, Theillay. Le 19e BATS est maintenu aux Loges et le 344e RI à Vaux en raison du retard. Dans la metinée, le Cher est franchi et la division occupe la rive sud à Mennetou-s/Cher et Méry-s/Cher, liaison avec la 2e DLIC. Le 21e GRDI (19e DI) est poussé en couverture sur l'axe Orville, St-Loup où la liaison avec la 11e DI ne peut être réalisée. En début d'après-midi, le secteur de la division est réduit à droite à Thenioux exclu (liaison avec la 239e DLI introduite dans le dispositif). Dispositif
réalisé au soir du 19 juin : - Mennetou-s/Cher,
St-Loup :
17e RTA.
- Chartres : 9e RZ. - Marais : 41e RI (19e DI). Bretelle Orville, St-Loup tenue par le 21e GRDI d'Orville à Anjouoin, par le 18e RTA d'Anjouin à St-Loup exclu. 87e
GRDI regroupé à Les Charteries.
Réserve de DI : un détachement du 350e CACC (4e DCR) et un peloton moto du 34e GRDI (29e DIAlp) à la ferme Lourière PCDI à la ferme Lourière (2 km ouest de Genouilly). A minuit, l'ordre de repli sur l'Indre est donné. Les 19e BATS et 344e RI se replient dans la nuit au sud du Cher. Le 20 juin, la mission de la division est de tenir la coupure du Cher jusqu'au soir en couverture du mouvement vers l'ouest du CA. L'ennemi est au contact vers 15 heures à Mennetou s/Cher. La division décroche à partir de 20 heures, couverte par le 87e GRDI sur l'axe Valençay, Graçay et par le 21e GRDI sur l'axeValençay, Vatan. Le repli est effectué partie en camion, partie à pied. Le 21 juin, continuation du repli vers l'Indre. Dans l'après-midi, la division se regroupe dans la région de Migné (Indre) sauf le 19e BATS resté à Grand-Chaventon-la-Chapelle. PCDI à Migné. A 21 h 30, sur ordre du CA, une partie du 9Z et les compagnies du Génie sont transportées à Ciron (Indre) en vue d'occuper les ponts sur la Creuse et en préparer la destruction. Le 22 juin, la
division s'est repliée en fin de nuit sur la Creuse. Pas de
contact avec l'ennemi. Dispositif
: -
Sous-secteur ouest : de La Roche exclu au pont de Ciron exclu : 344e RI,
- Sous-secteur est : du pont de Ciron au pont de Scoury exclu : Groupt Tasse (9Z et 17e RTA), Bretelle étang de la Rouère, Angoyenne, La Roche tenue par le 344e RI. Liaison à l'ouest avec la 239e DLI vers la Rouère, à l'est avec la 57e DI vers Scoury. Réserve de DI : 18e RTA, 19e BATS, 87e GRDI et chars à Belabre.PCDI à Belabre. Le pont de Ciron est détruit à 22 heures. A la nuit, ordre de repli vers la région Trimouille, Tholet (Vienne). Le 23 juin dans la matinée, la division se replie par échelons vers la Vienne sous le protection du 87e GRDI au sud-ouest de Ciron et du 18e RTA au nord de Belabre. PCDI à la Trimouille à 15 heures. Le repli est poursuivi à 18 heures au sud de la Vienne. PCDI à Bellac à 19 heures. Le 24 juin, la division s'installe sur la Vienne, ayant parcouru plus de 500 km depuis l'Ailette. Le dispositif réalisé comporte 3 sous-secteurs : - Ouest : de Chabannais exclu à
Chassenon avec bretelle vers l'ouest de Chassanon à
Pressignac : Grpt 9Z, 17e RTA, - Centre : de Chassenon
exclu à Chaillac exclu : 344e RI, GRDI en protection
à
Verneuil, liaison à l'ouest avec la 239e DLI vers Chabanais,
à l'est avec la 57e DI à Bienac. La division est rattachée au 1er CA, 7e Armée à midi.
Lettre Mon
cher Général, J. Fougère.
Ordre
du jour du 24 juin 1940 du général
Frère Commandant la 7e Armée " Officiers,
Sous-Officiers, Soldats, " La guerre se termine sans que la VIIe
Armée ait été battue.
Attaquée
sur la Somme et sur l`Ailette par un ennemi disposant d'une
supériorité
écrasante en aviation et en engins blindés, vous
n'avez pas cédés. " Ces durs combats ont
été suivis de la dure épreuve de la
retraite.
L'avance de l'ennemi sur nos deux flancs nous menaçant
d'encerclement,
il a fallu, pour échapper à son
étreinte, opérer un repli de plus de
400 kilomètres. Je connais les efforts surhumains que vous
avez dû
fournir. Si je vous les ai demandés, c'est pour
éviter la honte et les
misères d'une capitulation en rase campagne. ... " Soldats de la VIIe Armée,
vous représentez une force contre laquelle
l'ennemi s'est brisé et qu'il n'a pas dissociée.
Il faut que les vôtres
le sachent, quand vous rentrerez dans vos foyers. "
Je décide donc que tout combattant ayant pris part aux
opérations du 5 au 24 juin et resté en armes dans
son
Unité recevra la Croix de Guerre. " Maintenant, refaites vos forces et
demeurez, comme dans la bataille et la retraite, groupés
autour de vos chefs. C'est aujourd'hui plus nécessaire que
jamais. " Soldats de la VIIe Armée,
conservez le cœur fier et la tête haute :
vous n'avez pas connu la défaite Q.G.A. : 24 juin 1940 Le 25 juin à 0 h 35, cessation des hostilités. Les unités sont regroupées. La division est regroupée du 3 au 7 juillet dans la région de Châteauroux puis dissoute le 16 juillet 1940.
Le
Général commandant la 87e
D.I.A., Les tirailleurs rembarquent à Marseille le 7 août 1940, les Zouaves le 9. L'Ouest-Eclair du 11 août 1940 publie une liste des centres de repli des régiments et formations militaires indiquant : 17e RTA à Eguzon (Creuse) et 18e RTA à Saint-Sever-sur-Indre et La Châtre (Indre).
Le
sort des prisonniers indigènes (Note de la
délégation française auprès
de la
commission allemande d'armistice sur le rapatriement des militaires
indigènes - 26 juillet 1940) Les
allemands refusent sur leur sol les prisonniers de
guerre des
couleur qui doivent être renvoyés dans
les
colonies. Pétain s'empresse alors de
rapatrier l'ensemble des militaires de couleur, même
ceux
qui avaient élu domicile en métropole avant le
début de la guerre, ce
que les Allemands n'exigent pas. Néanmoins, l'insuffisance
des
transports et les besoins de main-d'œuvre incitent le
gouvernement à verser les militaires coloniaux non
rapatriés
dans des
compagnies de travailleurs opérant en zone libre. La division reçoit le 2 septembre 1940 une Citation à l'ordre de l'Armée :
GUERRE
DE 1939-1940 ORDRE
N° 210 C Le Général
Commandant en Chef, Ministre, Secrétaire d'Etat à
la défense Nationale, cite : A
L'ORDRE DE L'ARMEE 87e
Division d'Infanterie Nord-Africaine " Attaquée sur la position
de l'Ailette le 5 juin 1940, la 87e Division, sous l'impulsion de son
chef, le Général Henry MARTIN, a
opposé à l'ennemi une résistance
héroïque. Toutes ses troupes : Infanterie,
Cavalerie, Artillerie, rivalisant d'ardeur pour défendre
à outrance les points d'appui, même lorsqu'ils
étaient dépassés par l'ennemi ou
encerclés, ne se sont repliées que sur l'ordre du
Commandement, obligées souvent de se frayer un passage les
armes à la main. " Regroupées
après la bataille, ces mêmes unités
faisant preuve d'une telle discipline et d'un magnifique esprit de
devoir ont pu, à nouveau, être engagées
dans de durs combats qui ont marqué la défense de
l'Aisne, puis la retraite vers la Seine et la Loire. " Dans toutes ces
opérations, la 87e D.I.N.A. a fait preuve
d'abnégation, d'endurance, de vaillance, dignes des grandes
traditions de l'Armée d'Afrique. 2
Septembre 1940. Signé
: WEYGAND.
Le 9Z et le 2e groupe du 87e RAA sont également cités à l'ordre de l'Armée.
Noguès
Uniformes et équipements Pour la campagne de France, la 87e DIA conserve le casque Adrian à croissant des troupes d'Afrique, la chéchia rouge portée en métropole avec le couvre chéchia en calicot kaki clair, et la ceinture de laine rouge chez les Tirailleurs, bleue chez les Zouaves, portée en toutes circonstances par dessus les effets en tenus de sortie et par dessous dans les autres cas protégeant ainsi du froid. La chemise et la cravate modèle 35, les bandes molletières modèle 18 (ou les jambières en cuir modèle 16 ou 21) et les brodequins modèle 17 du modèle général font également partie de la tenue portée en Algérie et en France. Les effets de toile (bourgeron et pantalon) portée en Afrique sont quant à eux abandonnés au profit des effets des troupes métropolitaines. En 1939, capote croisée modèle 20, vareuse modèle 20 ou 20-35 et pantalon modèle 22 pour les hommes non montés, manteau modèle 20, 20-26 ou 20-35, vareuse modèle 20 ou 20-35 et pantalon modèle 22 ou 33 serré sous le genou pour les hommes montés. Les pattes de collet sont en drap kaki avec numéros bleu foncé et soutaches bleu ciel chez les Tirailleurs, numéros et soutaches garance chez les Zouaves, en drap garance avec des numéros bleus dans l'artillerie, ... Au printemps 1940, les effets d'habillement modèle 38 rares à la mobilisation sont largement en service, surtout le pantalon golf dont la production a été intensive durant l'hiver. La capote à un seul rang de bouton, le manteau pour troupe montée ou la vareuse modèle 38 nettement moins fabriqués équipent rarement les corps de troupe de manière homogène. La plupart en reçoivent, mais seulement à titre de remplacements partiels des effets des anciens modèles qui ne manquaient pas à la mobilisation. La 87e DIA a reçu en février 1940 le rare équipement modèle 1935. Principalement affecté à l'infanterie, ses faibles cadences de production ne permettent pas, loin s'en faut, de remplacer les équipements de l'ancien modèle qui continuent d'être le lot quotidien de bien des unités de l'armée française. De surcroît, l'équipement modèle 1935, dont les cartouchières sont conçues pour les lames-chargeurs de 7,5 mm du MAS 36, est dans de nombreux cas distribué à des unités dotés d'un armement en 8 mm Lebel. Le fusil MAS 36 est en effet encore plus rare que l'équipement modèle 35 qui est distribué à la cavalerie encore équipée de cartouchières modèles 16 !
Armement Le mythique fusil MAS 36 (102 cm / 4,020 kg / magasin 5 cartouches cal. 7,5 mm) est en réalité assez rare. La majorité de l'infanterie est équipée du fusil 8 mm Berthier modèles 1907M15 ou 1916 (130,6 cm / 4,290 kg / magasin 5 cartouches), surnommé "canne à pêche" tandis que les autres armes se partagent les moins encombrants mousquetons d'artillerie 8 mm Berthier modèles 1892 ou 1916 (94,5 cm / 3,405 kg / magasin 5 cartouches) et le Lebel modèle 1886 M 93 (130,7 cm / 4,415 kg / magasin 8 cartouches). Même variété pour les armes de point ; pistolets automatiques 7,65 mm Ruby 1915, Star 1917 et modèles du commerce ou plus rarement modèles 1935 A et 1935 S, revolvers 8 mm modèle 1892 ou 11 mm modèles 1873 et 1874 ressortis des stocks pour équiper l'artillerie et le train notamment. La situation est bien meilleure pour ce qui est des armes collectives. Le fusil-mitrailleur de 7,5 mm modèle 1924 M 29, dont la production a été importante depuis 1930, équipe l'ensemble des troupes à l'entrée en guerre, comme la mitrailleuse de 8 mm Hotchkiss modèle 1914, dont les stocks étaient considérables en 1939.
Annuaire alphabétique des officiers subalternes, supérieurs et généraux de la 87e division d’infanterie d’Afrique du 03/09/1939 au 25/06/1940
Les américains ... Fin mai 1940, après la perte à Dunkerque des meilleures unités motorisées alliées, la France conserve l'espoir ultime de contenir l'ennemi sur la modeste coupure Somme-Aisne. Les unités reconstituées et rééquipées tout début juin le sont pour le matériel automobile en partie grâce au reliquat des commandes américaines de septembre 1939. Les commandes à l'étranger sont au début de la guerre strictement limitées à des achats ponctuels destinés aux secteurs les plus déficitaires du plan de mobilisation ; camions bâchés, moto sides, GMC pour la cavalerie, porte-chars, ... - camions bâchés - moto sides : Indian 340 B 2.000 livrés - GMC pour la cavalerie spécification correspondant au Renault ADH bâché 1936 - porte-chars
Un épisode du livre de Morvandiau évoque les combats de la 87e DIA sur l'Ailette. D’Algérie par Morvandiau “Quel rapport entre mon
père et Jean, le frère missionnaire de ma
mère ? Ce livre est
coédité par l'œil électrique
éditions et Maison rouge. L'archéologue André Berthier (1907-2000 - Beaumont-sur-Oise - Val d’Oise), Directeur du musée Gustave Mercier et de la circonscription archéologique de Constantine, est mobilisé en septembre 1939 à la 87e division d'infanterie algérienne, dans l’artillerie, comme brigadier. Il participe à la campagne de France. Sa participation au combat de l'Ailette lui vaut une citation. Démobilisé le 15 août 1940, il retourne en Algérie puis s’engage en 1943 au 4e Régiment de Spahis marocains. En 1944, au cours de la campagne d'Italie, il est blessé grièvement au Garigliano. Témoignages Le soldat Marcel ISMAN ... La campagne de France Lors de la Seconde Guerre mondiale, comme tous les hommes de sa génération de sa petite patrie, quelle que fut leur origine, Marcel Isman (1906-1996) devra s'arracher par deux fois à son foyer : en 1939 pour défendre la grande patrie ; en 1942 pour la délivrer. Mais, alors que tant d'entre eux ne revinrent pas ou rentrèrent profondément atteints dans leur chair, il eut le bonheur de rejoindre intact, son épouse et sa petite fille malgré deux campagnes passées au front. Mobilisé en qualité de sous-lieutenant au 17e R.T.A. qui, avec le 18e, le 9e Zouave et le 87e R.A. constitua la 87e Division d'Infanterie Africaine, il n'oubliera jamais l'excellent moral et la soif de victoire qui régnaient dans cette grande unité. Le moral sera soumis à rude épreuve durant les huit mois de passivité de la « drôle de guerre » passés entre la ligne Maginot et la Sarre dans une région entièrement évacuée au cours du précoce et terrible hiver 1939-1940. Aubépines et mirabelliers fleurissaient enfin la Lorraine, lorsqu'un beau matin du mois de mai, explosa la bataille. Quittant rapidement son secteur, la 87e D.I.A. fut mise en place entre l'Ailette et l'Aisne pour, au sein de l'armée Requin, barrer à l'ennemi la route de Paris. Promu lieutenant, Marcel Isman assurera, à motocyclette, sans moyen radio ni autre, durant toute la campagne, la liaison entre son régiment et le commandement de l'Infanterie divisionnaire. Engagée début juin, la bataille du canal de l'Ailette fut d'une violence extrême. Malgré son écrasante supériorité en moyens, l'allemand paya le prix fort face aux Zouaves et aux Tirailleurs. Il ne l'oublia pas. L'armistice signé, un colonel de la Wehrmacht tint à rencontrer sur la ligne de démarcation, le chef du 9e Zouave pour le féliciter. En pleine bataille de l'Ailette, la 87e D.I.A. avait, il est vrai, été confiée à un nouveau chef qui avait pour nom Henri Martin. Général d'une qualité exceptionnelle, Henri Martin saura diriger une retraite en bon ordre, sans jamais rompre le combat, malgré la masse de civils qui fuit, l'armée métropolitaine qui se défait sous les coups des stukas, maîtres du ciel uniformément bleu de l'été 1940. Les faits d'armes de la division sont multiples. Marcel Ismam évoquera souvent son camarade Aumeran bloquant quarante-huit heures durant, l'ennemi sous le feu de ses mitrailleuses. La défaite fut enfin consommée. La 87e D.I.A. avait bien mérité de la patrie. Le 9e Zouave et le 17e R.I.A. avaient perdu la moitié de leurs effectifs. Et, le 14 juillet 1940, ce sera une foule reconnaissante et chaleureuse qui applaudira dans Châteauroux les rescapés défilant derrière leur général. Un dernier souvenir marquera le lieutenant Ismam avant le retour à Alger. Le général Weygand est au milieu d'eux. Son « adieu » est en réalité un « au revoir ». Il ne faut perdre ni confiance, ni courage, surmonter la défaite et, tout comme lui, se préparer à reprendre le combat. Quelques mois plus tard, ce grand soldat, devenu gouverneur de l'Algérie, entreprendra, à la barbe des commissions ennemies, de reconstituer clandestinement l'armée d'Afrique, de stocker le maximum d'armes, malheureusement légères et anciennes. Rappelé en métropole, puis déporté, Weygand n'aura pas le bonheur de reprendre lui-même le combat. La campagne de Tunisie Ce sera la lourde tâche de l'armée d'Afrique en novembre 1942. S'ils débarquent en Algérie et au Maroc, les Alliés négligent la Tunisie. Les Allemands en profitent, arrivent en force, occupent Tunis. Ils s'unissent à Rommel qui, au sud, a replié les rescapés de l'Afrika Korps et s'élancent en direction de l'Algérie. Hâtivement mobilisée, l'armée française d'Afrique est immédiatement jetée dans la bataille. Sa mission : interdire à l'ennemi le territoire algérien, permettre aux Alliés, hors d'état d'intervenir, de rassembler des forces suffisantes. C'est au sein du 1er R.T.A. que le lieutenant Isman va participer à la campagne de Tunisie, cette campagne maintenant oubliée, frappée de plein fouet sous les rafales de neige et les trombes d'eau, par les coups de boutoir d'un ennemi qui veut, à tout prix, déboucher dans le Constantinois. Attaques et contre-attaques se succèdent sans interruption. L'armée d'Afrique s'accroche, ne plie pas. La dernière offensive allemande sera la plus terrible. Une masse de chars attaque la division d'Alger. Tébessa est menacée. Rommel n'ira pas plus loin. Le froid a cédé la place à une chaleur accablante. Américains et Anglais ont rejoint l'armée française d'Afrique. Ils sont maîtres du ciel. Leur armement est moderne. Malgré les terribles champs de mines, le 1er R.T.A. remonte la dorsale tunisienne et fait flotter les trois couleurs sur le Djebel Zaghouan. Les troupes de l'Axe capitulent. Et, le 20 mai 1943, l'armée de Juin défilera dans Tunis sous un soleil torride, en capote de drap et bandes molletières bien serrées au-dessus des souliers cloutés, portant sur l'épaule le fameux « Lebel 1886 » modifié 93, devant les généraux alliés dont elle a conquis l'admiration au prix de 11000 morts et de 7500 blessés. Sans contestation possible, l'armée française d'Afrique a effacé, lavé, la déroute de 1940 ! Appelé, titulaire de deux campagnes, le lieutenant Isman n'est pas intégré dans le corps expéditionnaire qui se couvrira de gloire en Italie. En sa qualité d'ingénieur, il est transféré dans le service du matériel et chargé de créer une compagnie qui formera chauffeurs et dépanneurs pour l'armée d'Italie. Il saura transformer des centaines d'appelés, ruraux pour la plupart, en techniciens compétents de ce matériel américain qui équipe enfin l'armée française. C'est avec les galons de capitaine, la Légion d'honneur et la Croix de guerre 1939-1945 qu'il quittera l'uniforme, la paix enfin revenue. ... Extrait d'un article de Pierre Faquin / Crédit L'Algérianiste N° 96 décembre 2001 - http://www.piedsnoirs-aujourdhui.com/isman.html Algérie News / Les lettres du mont Koukou / Nos moustaches de tigre "C’est durant sa dernière nuit dans sa chambre d’hôtel discutant avec Si Smaïl, son ami du bled, qu’il eut l’idée de revenir sur les lieux où il a été fait prisonnier, dans le département de l’Aisne sur les rives de l’Ailette, et ensuite transporté, avec le reste, vivant, de son bataillon, par train jusqu’aux environs de Nancy. Ça le changera d’y travailler, en homme libre cette fois, mangé à sa faim et bien dormi la veille au chaud. Au Stalag, c’était pieds nus dans le sabot de bois, le gel et la coupe dans les troncs d’arbre dans les hangars puant les soues à proximité, le chargement du coke depuis les interminables wagons arrivés par le nord, de l’aube au crépuscule. Mon père était dans un bataillon d’infanterie, au départ à Alger, rallié à un régiment commandé par le général de Goislard de Monsabert. Il était caporal-chef tirailleur et Si Ahmed sergent-chef, dans le même régiment, mais ils ne se retrouvent ensemble qu’une fois regroupés dans les baraquements du « Stalag 3 B », mêlés à des soldats français arrêtés parmi les unités de la métropole et des Polonais aussi, séparés par un grillage. Si Ahmed était militaire de carrière, engagé depuis une quinzaine d’années dans une caserne de Oued Rhiou, ex-Inkermann, mon vieux faisait partie de la mobilisation générale." CANERI Antoine Né le 1er mai 1911 à Bougie, Antoine-François Caneri était fils d'officier et fut élève du lycée Gouraud de 1922 à 1928 pendant que son père tenait garnison au Maroc. Rentré en Algérie quand son père y fut affecté de nouveau, il termina au lycée Bugeaud ses études secondaires et fut reçu en octobre 1930 au concours d'entrée de l'Ecole supérieure de commerce d'Alger. Il en sortit diplômé en 1933. Franc et loyal, de caractère enthousiaste et dynamique, Caneri avait été pendant toutes ses études un sportif ardent et fougueux, pratiquant le football et l'athlétisme à l'Olympique Marocain durant son séjour à Rabat, puis équipier du Racing Universitaire Algérois pour les mêmes sports et le baskett. Plus tard lorsqu'après son service militaire il sera jusqu'à la guerre sous-directeur d'une usine importante près d'Alger, la voile deviendra son sport favori ; il participera alors avec son « Star » à de nombreuses compétitions. Mais survient la guerre et c'est un champ nouveau, à la mesure des exceptionnelles qualités morales d'Antoine Caneri, qui s'ouvre devant lui. Le 28 août 1939, il est mobilisé comme sergent-chef au 29e Zouaves à Fort National. Apprenant que ce régiment ne quittera pas l'Afrique, Antoine Caneri ne peut admettre de rester loin du combat et il obtient d'être affecté au 9e Zouaves qui va partir en France. Il embarque à Bizerte le 5 novembre 1939. En mars 1940, se trouvant près de Sarreguemines sur la Blies, il est volontaire pour les groupes francs et il reçoit enfin le baptême du feu le 7 mars ; dès lors toujours prêt pour les missions dangereuses, il effectue de nombreuses patrouilles de nuit au cours des 63 jours qu'il passe en première ligne et il est nommé chef de section. Mais l'offensive allemande fait transférer son unité sur le front de la Somme ; le 18 mai il est avec son régiment sur l'Ailette, le 21 et 23 mai, il repousse de violents coups de mains ennemis à Guny. Le 5 juin, à Guny encore, il est blessé deux fois ; mais il refuse d'être évacué et reste au commandement de sa section. Blessé une troisième fois, l'ordre de repli lui parvient : il le transmet à ses hommes mais refuse de se laisser emporter pour ne pas entraver leur marche et il meurt sur le champ de bataille des suites de ses blessures. Voici le texte de la magnifique citation à l'Ordre de l'Armée qui relate la fin héroïque d'Antoine Caneri : « Sous-officier ayant fait preuve en toutes circonstances de courage et d'abnégation, galvanisant ses hommes par son sang-froid absolu et son parfait mépris du danger. A repoussé de violents coups de mains ennemis à Guny les 21 et 23 mai 1940. A trouvé une mort glorieuse le 5 juin alors qu'il menait en brave une lutte désespérée au milieu de ses hommes contre un ennemi très supérieur en nombre ». Inclinons-nous bien bas. Ce sont de tels sacrifices qui, lors de la tragique débandade de juin 1940, ont sauvé l'honneur des armes françaises et forcé le respect de l'ennemi. Mais pour nous, Français d'Afrique du Nord, ils ont une valeur plus précieuse encore car ces morts héroïques nous ont laissé en confidence le grand secret de la campagne de 1940 : c'est d'Afrique que viendrait le salut ; c'est en terre d'Afrique que l'on retrouverait les dignes émules de ceux qui, blessés à mort restaient sur le sol français pour annoncer la moisson de héros qui allait se lever avec l'année 1943. Morts du Pentano, de la Mainarde et du Belvédère, héros de Pico et de la terre toscane, combattants de Provence et d'Alsace c'est le sacrifice de vos camarades nord-africains comme François Caneri qui, vous a montré la voie. Dans vos victoires vous n'avez jamais oublié ceux de l'année quarante ; et c'est avec eux, tous ensemble, que vous avez défilé le long des palais de la Ville Eternelle, aperçu les tours de Florence sur la ligne de l'horizon toscan, débarqué, avec quelle émotion parmi les paysages lumineux de la côte provençale, libéré l'Alsace et franchi le Rhin pour terminer en terre germanique la première épopée authentique de la jeunesse française d'Afrique du Nord. Livre d'Or du Lycée Goureaud (Rabat) http://www.lyceefr.org/aaegd/gouraud/livredor/livredor.htm Djilali
tirailleur algérien Le
grand-père est mort français, le 25 mai 1940, le
petit-fils arrive étranger, sans que ni l’un ni
l’autre ne l’aient voulu, sans que ni
l’un ni l’autre ne l’aient compris. Jean-Marie Lamblard http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2176 Quand des Algériens libéraient la France ... ... après 1914-1918 et le sacrifice de tant d'Algériens pour la victoire, c'est une armée d'Afrique, composée de deux tiers de Maghrébins et d'un tiers de pieds-noirs, qui combattit les armées allemandes, d'Alger à Berlin, apportant une contribution décisive à la victoire des Alliés. Des milliers d'Algériens y laissèrent leur vie, d'autres combattirent avec un courage exemplaire - à l'instar de Ahmed Ben Bella, à Monte Cassino - pour libérer la France. Une France dont ils attendaient qu'elle se comporte ensuite, en Algérie, en champion de la justice et de la liberté et qui leur répondit, le 8 mai 1945, par les massacres de Sétif et de Guelma ! Comment s'étonner alors que tant d'Algériens combattant à nos côtés en 1944 aient pu se retrouver, dix ans après, dans les premiers maquis du FLN ! C'est à tous ces Algériens qui contribuèrent à sa libération que la France rendra hommage le 15 août 2004, sur les plages de Provence ... Georges Morin, Article paru le 12 août 2004 dans El Watan (Extrait) L'Algérie en
1939 Dans cette belle contrée de 2.205.000 km², peuplée de 6,2 millions d'habitants (chiffres de 1936, la métropole compte alors 41,9 millions d'habitants), 830.000 français ou naturalisés, installés pour certains depuis plusieurs générations, dont une importante communauté juive, et des européens (Espagnols et Italiens principalement), vivent en harmonie avec 5,4 millions "d'indigènes" Arabes, Berbères, Maures et Noirs, essentiellement employés dans l'agriculture. On distingue en Algérie 3 régions naturelles : au nord le Tell, où se concentrent les 3/4 de la population, région de culture entre la Méditerranée et l'Atlas (vignobles, qui occupent 400.000 ha des 600.000 ha de bonnes terres (le vin constitue plus de 50% des exportations), céréales, orangers, cotons, oliviers, ...), au centre les hauts plateaux de l'Atlas (alfa, dont on fait du papier, des tapis, etc, pâturages) au sud le Sahara et ses oasis (dattiers, ...). Faisant partie du territoire national, l'Algérie élit ses députés et possède les mêmes institutions que la métropole, plus un Gouverneur Général. Ce que ne disent pas les manuels de l'entre-deux guerres, c'est que seuls les français ont accès aux droits civiques nationaux, ils sont les principaux propriétaires fonciers, occupent l'essentiel des postes de pouvoir, ... On a en effet vite oublié après 1870 les bureaux arabes, dans lesquels des officiers de l'armée française jouaient le rôle de juges, de percepteurs des impôts, ... Beaucoup d'entre eux considéraient avoir une mission civilisatrice et leur but était d'apporter le progrès et l'émancipation aux indigènes. De ce fait, les officiers des bureaux arabes défendaient souvent les intérêts des indigènes contre les européens de plus en plus nombreux à s'installer en Algérie pronant une politique de cantonnement des musulmans privés des meilleures terres. L'opposition croissante entre les bureaux arabes et les colons va entrainer la disparition de ses bureaux, symbolisant en 1870 la politique de Napoléon III, qui ira jusqu'à affirmer : "Il faut cantonner les européens et non les indigènes". Suite à la conquête de 1830, l'Algérie est officiellement annexée à la France par l'ordonnance royale du 24 février 1834 et les "indigènes musulmans d'Algérie" deviennent sujets français. Pour autant, ils n'ont pas la nationalité française, ils ne sont pas citoyens français. Le Sénatus-consulte du 14 juillet 1865 sur l'état des Personnes et la Naturalisation en Algérie décrète les indigènes musulmans français, néanmoins ils continueront à être régi par la loi musulmane, ils peuvent être admis à servir dans les armées, être appelés à des fonctions et emplois civils en Algérie, être admis sur leur demande, à jouir des droits de citoyen français; il sont régis dans ce cas par les lois civiles et politiques de la France. Les décrets
Crémieux du 24 octobre 1870 déclarant
citoyens
français les israélites indigènes de
l'Algérie (n° 136) fixent les conditions
de la
Naturalisation des Indigènes musulmans et des
Étrangers
résidant en Algérie (N°137).
Relèvent
également de textes spécifiques les conditions
d'admission de service et d'avancement des indigènes
musulmans dans les armées, les fonctions
et emplois
civils auxquels les indigènes musulmans peuvent
être
nommés en Algérie, ... Dans leur immense majorité, les indigènes musulmans n'ont pas la qualité de citoyen français mais possèdent un statut particulier "l'indigénat" ; ils relèvent de la loi coranique et non du code civil français, sans échapper totalement à la loi pénale française, qui prévoit pour eux des infractions spécifiques : réunion sans autorisation, acte irrespectueux, ... Le droit de vote des musulmans est limité : ils ne prennent pas part à l'élection des députés (réservé aux français) mais participent notamment à l'élection du collège musulman des conseils municipaux ; ce collège ne représente cependant qu'un tiers du conseil depuis 1919 (1/5 avant) alors que la population musulmane est démographiquement majoritaire (plus de 80 % de la population en 1936). Les "indigènes juifs d'Algérie" sont pour leur part citoyens français depuis le Décret Crémieux de 1870 (il est vrai qu'ils n'étaient alors que 35.000) tandis que les étrangers encouragés le deviennent à la naissance avec la loi de 1889 établissant le droit du sol, mais ce texte ne s'applique pas aux musulmans pour qui la République a instauré une procédure de naturalisation spécifique impliquant notamment renonciation à suivre la loi coranique. Les autorités locales traînent en outre souvent des pieds afin de compliquer la tache aux musulmans candidats à la naturalisation française. Lors des réformes engagées après la première guerre mondiale, Lyautey qui suit les négociations note : « Je crois la situation incurable. Les colons agricoles français ont une mentalité de pur Boche, avec les mêmes théories sur les races inférieures destinées à être exploitées sans merci. » (cité par Patrick Weil, Qu'est-ce qu'un Français, Grasset, 2002). En 1936, le Front Populaire prépare un projet de loi (Blum-Viollette), visant à ce que des musulmans puissent devenir citoyens français tout en gardant leur statut personnel lié à la religion. Le projet se heurte à l'hostilité des, français d'Algérie, affirmant que si ce projet passait, le corps électoral français pourrait se retrouver en minorité dans certaines communes algériennes, ce qui donnerait comme résultat l'accession d'un maire et d'un conseil municipal musulman dans ces mairies, ce qui pourrait mettre en danger selon eux, la souveraineté française dans ce pays . Après la défaite de 1940, lorsque l'empire devient un enjeu majeur pour l'avenir de la France, Vichy prévoit la mise en place sa politique de redressement nationale en Algérie, statut des juifs compris. Le Préfet d'Alger, Pierre Pagès, note à cette époque : "Tout date ici de la conquête et rien ne témoigne ici de la fusion des deux communautés" ... " On peut s'interroger sur l'avenir de l'Algérie quand on constate que le moindre emploi administratif est tenu par un breton ou un corse et pas un seul garde-barrière n'est musulman." L'oeuvre de Vichy est interrompue par le débarquement allié de novembre 1942. Le statut des "indigènes", qui contribueront une nouvelle fois à la défense de la mère patrie, évoluera à la fin de la seconde guerre mondiale; suppression des infractions spécifiques par ordonnance du 7 mars 1944, nationalité française pleine et entière par la loi du 7 avril 1946, principes d'égalité politique et d'accès aux emplois de la fonction publique par la loi du 20 septembre 1947, portant statut organique de l'Algérie. Mais l'application dans les faits ne sera pas effective avant 1962. Il est vrai qu'en 1954 encore 94% des hommes et 98% des femmes sont illettrés en français et seulement 1 garçon sur 5 et 1 fille sur 16 sont scolarisés. La musique d'Alger Au début du XXe siècle, époque de Cheïkh Nador (1874-1926), on écoute à Alger le Medh (ancêtre du Chaâbi), qui est un chant religieux, et l'Aroubi, un genre musical populaire très élaboré, qui puise ses modes dans la musique arabo-andalouse. Il y avait une pléiade d'artistes Meddah (interprète du Medh) tels que Mustapha Driouèche, Kouider Bensmain, El Ounas Khmissa, Mohamed Essafsafi, Saïd Derrar (le concurrent de Cheïkh Nador), Ahmed Mekaïssi, Saïd Laouar, Mahmoud Zaouche. Ces pionniers sont moins connus car ils n'ont pas enregistré de disques et on n'a retenu de leur art que quatre enregistrements de textes " profanes" du meddah Malek Saïd, qui datent de 1924. Le Medh, était confiné dans la casbah d'Alger, surtout dans les fumeries, puis peu à peu les artistes ont commencé à se produire dans les cafés arabes d'Alger. M'hammed El Anka (1907-1978) n'était encore qu'un gamin quand Cheïkh Nador l'a pris dans son orchestre. À la mort de ce dernier, El Anka prend le relais de son maître dans l'animation des fêtes familiales. El Anka a incontestablement donné une nouvelle impulsion au Medh. C'est lui qui a introduit dans les orchestres du Medh le mandole typiquement algérien, que nous connaissons aujourd'hui. En 1928, la maison de disques Columbia lui enregistre 27 disques (78 tours) et il prend part à l'inauguration de la Radio PTT Alger. Ces deux événements l'ont propulsé au devant de la scène. El Anka était désormais devenu le promoteur du medh. Les années trente (1930) ont vu l'émergence d'autres interprètes de talent tels que Hadj M'Rizek, Hadj Menouar et Khélifa Belkacem. En 1946, El Boudali Safir, directeur littéraire et artistique de Radio Algérie pour les émissions en langues arabe et kabyle, a donné au Medh le nom de Chaâbi, "populaire en arabe, mais ce n'est qu'après l'indépendance de l'Algérie qu'il a pris la dénomination officielle de Chaâbi. Le mot fait son entrée dans le dictionnaire français grâce à la reprise de la chanson des années 70 Ya Rayah de Dahmane El Harrachi (1926-1980, du nom arabe de Maison-Carrée) par Rachid Taha. D'après Le
Chaâbi
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