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Le Lieutenant Fernand Charavin (1914-2001)

Né le 9 juin 1914 à Lambèse-Tazoult (ville militaire d'Afrique romaine dans la région des Aurès près de Batna dans le Constantinois), où son père était administrateur avant d'être sous-préfet puis préfet, le Lieutenant Fernand Charavin est l'Officier des Affaires Militaires Musulmanes (AMM) du 18e RTA en mai-juin 1940.
Avant cela, Fernand Charavin a été admis en avril 1935 au concours d'interprète de langue arabe et effectue tout d’abord une année de service militaire au 5e Chasseurs d’Afrique d’Alger, avec le grade de 2e Classe Aspirant. Il restera toute sa vie un excellent cavalier.

Le 5e Régiment de Chasseurs d'Afrique a été créé en 1887 à Alger. Il a participé aux campagnes de Madagascar de 1895-1896, de Chine en 1900-1901, du Maroc 1908-1912, à la Grande-Guerre 1914-1918, à la campagne du Levant 1920-1921.

Inscriptions au Drapeau en 1935 : Maroc 1908, La Marne 1914, Levant 1920-21.

Décorations: Croix de Guerre 1914-18 avec une étoile vermeil

Le 5e R.C.A. est semi-motorisé, le groupe d’escadrons à cheval est à Maison-Carrée et le groupe d’escadrons motorisés au quartier Marguerite d'Alger.


Chasseurs d'Afrique.
Lieutenant porte-étandard et sous-officiers en grande tenue à cheval.
Maurice Toussaint, Les uniformes de l'Armée Française, 1935

En avril 1936, Fernand Charavin est promu Aspirant et Interprète Stagiaire, il suit le cours préparatoire au Service des Affaires Indigènes d’Alger jusqu'en juin 1937.

Élève au Cours Préparatoire des Affaires Indigènes d'Algérie-Tunisie (Alger) en avril 1936. Interprète stagiaire le 26 avril 1936. Sous-Lieutenant au Service des Affaires Indigènes le 26 avril 1938.
Source : Annuaire de l'Armée française 1936, 1937, 1938.
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Le Service des Affaires Indigènes (AI) est chargé, en Afrique du Nord, de l'administration et de la sécurité de certains territoires. En Algérie, il a pris la suite des Bureaux Arabes, chargés des rapports avec la population et de l'administration militaire du pays avant le passage de la plus grande partie du territoire algérien à l'administration civile. En 1935, les AI ne conservent en Algérie que l'administration des Territoires du Sud (territoire d'Aïn-Sefra, de Ghardaïa, des Oasis et de Touggourt).




Uniformes et équipements de l'Armée Française 1937, planche n°2
Les interprètes stagiaires de la langue arabe portent la tenue d'adjudant d'infanterie avec collet, pantalon, médaillon de ceinturon et képi des officirers interprètes de langue arabe : tenue de travail du modèle général, grande tenue, tunique bleu-noir, col et pattes de parement velours bleu outremer, pattes de col avec croissant et grenade or, galons de grade et épaulettes or, pantalon garance à bande simple noire, képi à turban rouge et à bandeau de velours outremer, soutache or, pas d'insigne au bandeau, éperons, sabre d'officiers de troupes à pied (Bucquoy, 1935, p.45-46)

En juillet 1937, l’Interprète Stagiaire Fernand Charavin est affecté au poste de Fort Polignac, Territoire des Oasis (1 700 kilomètres au sud-est d'Alger et une centaine de kilomètres de la frontière libyenne), qu'il rejoint début août. Une partie de la Compagnie Saharienne des Ajjer est stationnée dans ce fort du début du XXe siècle qui porte le nom du ministre de Charles X, Jules Polignac, à l'origine de l’expédition d’Alger en 1830.


 
Fort Polignac en 1932
 
La Compagnie Saharienne des Ajjer tient garnison à Djanet et Fort Polignac, dans le sud-est d'Algerie, sur la frontière avec la Libye, en bordure du massif montagneux du Tassili n’Ajjer, habité par des Touaregs.
Les compagnies sahariennes ont été créées en 1902 en remplacement des spahis et tirailleurs sahariens nées en 1894. 
La Compagnie Saharienne des Ajjer a été constituée en 1924 à partir du groupe mobile des Ajjer de la compagnie du Tidikelt. Elle sera dissoute en 1943 pour former la Compagnie Saharienne du Tassili, qui deviendra Compagnie Méhariste du Tassili en 1947.
La Compagnie Saharienne des Ajjer a pour mission de surveiller la longue frontière avec la Lybie italienne. Ce service impose des reconnaissances nombreuses dans des régions particulièrement pénibles. Sur les compagnies sahariennes reposent également la responsabilité de la police du désert et de la représentation française dans des territoires où l’armée d’Afrique, "fidèle à ses traditions, a apporté la pacification parmi des populations longtemps agitées". Cette première affectation est pour les officiers interprètes l'école du combat et de la diplomatie.
Les étapes de la conquête, carte extraite des "Cahiers du centenaire de l'Algérie", 1930

Compagnie Sahariennes. Tirailleurs.
Officier indigène (grande tenue). Officier Français (tenue de travail). Sous-officier Français. Tirailleurs.


Compagnie Sahariennes. Méharistes.
Officier en tenue de colonne. sergent indigène.

Les uniformes des personnels des compagnies sahariennes sont composés d'effets différents selon qu’il s’agit de personnels français ou indigènes. Les officiers français portent un burnous en drap bleu foncé et un bournous de flanelle blanche, les effets sont du modèle général des Spahis mais avec insignes de patte de collet à croissant surmonté d’une étoile avec soutache jonquille, képi bandeau et calot bleu ciel avec étoile et croissant sur le bandeau, galons or.

La grande tenue de drap : tunique garance à col garance et pattes de parement garance, patte de collet garance, porte l’étoile et le croissant or, galons, brides d’épaulettes et épaulettes dorées, boutons 1/2 sphériques unis dorés. Ceinturon en soie grenat, plateaux dorés portant attributs sur motif de décoration arabe. Pantalon drap bleu ciel à double bande garance.

La grande tenue de toile blanche : la tunique comporte les mêmes pattes de collet que la tunique en drap. La tenue journalière est en toile kaki clair avec pantalon large et resserré à la cheville.

En campagne au Sahara, les officiers peuvent porter la même tenue que la troupe, mais tous ces vêtements indigènes ne peuvent être portés en dehors des territoires militaires.

Généraux et état-majors.
Grande tenue blanche en Afrique : Général de division. Officier supérieur de chasseurs d'Afrique de l'etat-major du gouvernement général civil de l'Algérie. Général de brigade (état-major). Officier interprète de langue arabe.


L’interprète affecté à la Compagnie Saharienne des Ajjer conserve les effets de son corps d’origine, grande tenue en drap avec tunique bleu-noir, col et pattes de parement velours bleu outremer, pattes de col avec croissant et grenade or, galons de grade et épaulettes or, pantalon garance à bande simple noire, képi à turban rouge et bandeau de velours outremer, soutache or, pas d'insigne au bandeau. Pour la grande tenue de toile blanche, la tunique comporte les mêmes pattes de collet que la tunique en drap.

La tenue journalière est en toile kaki clair avec pantalon large et resserré à la cheville. En campagne au Sahara, les officiers peuvent porter la même tenue que la troupe, mais tous ces vêtements indigènes ne peuvent être portés en dehors des territoires militaires. 
Fernand Charavin est promu sous-lieutenant en avril 1938.

Il est muté au bureau des Affaires Indigènes de Laghouat en janvier 1940. Laghouat, porte du désert, est situé au nord du Sahara, au pied de l'Atlas, à 400 km au sud d'Alger.


En mars 1940, le sous-lieutenant Charavin est muté au 18e RTA, qu’il rejoint le 4 avril dans le Secteur Fortifié de la Sarre, tenu par la 4e Armée, devant Sarreguemines. Il remplace le CNE Castaing qui quitte le régiment. Le PC du régiment est à Keskastel, dans le Bas-Rhin, sur la Sarre, entre Sarralbe et Sarre-Union.

Fernand Charavin est promu lieutenant le 26 avril 1940.

Il se distingue au sein du 18e RTA, comme beaucoup d'Officiers AMM, à Manicamp le 21 mai 1940, à la Rue de Noyon le 6 juin, à Orléans, où il est blessé, le 16.

Le Lieutenant Fernand Charavin reçoit au cours de la seule campagne de France cinq citations ; une à l’ordre du Corps d’Armée, deux à l’ordre de la Division et deux à l’ordre du Régiment.

Il est parmi les combattants du régiment de 1940, avec le lieutenant Maxime Viet,  celui qui reçoit le plus grand nombre de citations. Il est également décoré de la médaille des évadés après avoir été prisonnier des allemands quelques heures à Orléans.



Médaille de Evadés

Rayé des Contrôles du 18e RTA le 16 juillet, il est dirigé sur Port-Vendres, Pyrénées-Orientales, près de la frontière espagnole.

Il retourne aux Affaires Indigènes en Algérie, affecté de nouveau à Laghouat en août 1940 et détaché en octobre au service général de l'information du Gouvernement Général d’Alger puis mis à la disposition du Résident Général de France au Maroc pour recevoir un emploi aux Affaires Indigènes en octobre 1941 avant d’être mis en congé d'armistice. Il démissionne en mars 1942 pour un poste d'administrateur adjoint de commune mixte à Alebou.

 
Palais du Gouvernement Général d’Alger


Il est rappelé à l'activité en décembre 1942 et affecté comme officier d'information de Kabylie à Tizi-Ouzou.

 
Mairie de Tizi Ouzou


Fernand Charavin demande alors une affectation au combat. Il est affecté en juin 1943 au 3e RTA et rejoint l'unité en campagne en Italie. Il embarque à Bizerte fin décembre débarque à Bagnoli, près de Naples, en Italie.



Insigne du 3e RTA



Le village d’Acquafondata conquis par les Français le 13 janvier 1944
Photographie SCA - ECPAD

En opération début janvier 1944, lieutenant commandant un groupe franc du 3e RTA, il est blessé par éclat de mine le 15 dans la région d'Aquafondate, près de Cassino. Il reçoit une sixième citation et la Légion d’Honneur.

Evacué en février 1944, il retourne en mars en Algérie où il est mis à la disposition du Gouvernement Général de l'Algérie puis affecté au Bataillon de Garnison d'Alger en décembre 1944. Il sera démobilisé le 1er septembre 1945. Capitaine de réserve en 1949.



Laghouat, les administrations et l'église
Ayant quitté l'armée, il devient administrateur de commune mixte. Il sera successivement en poste à Laghouat, Djelfa, Aumale, Boghari, Tlemcen, Tizi-Ouzou, Azazga. Il est ensuite nommé sous-préfet à Vialar puis en 1958 au cabinet du général Salan, qui le nommera préfet de Haute-Kabylie, mais n'aura pas le temps de rejoindre son poste. Emprisonné en 1961 à Beni Messous et révoqué, il ne sera réintégré qu'en 1964 et mis à la retraite anticipée.

Installé à Aix-en-Provence, il sera l'un des membres fondateurs du Cercle Algérianiste en 1973 et s'adonnera quotidiennement et jusqu’à sa mort, à l'une de ses grandes passion, l'équitation, et son application au traitement des enfants "inadaptés".

Décédé en 2001 Fernand Charavin repose au cimetière de Puy-Sainte-Réparade (Aix-en-Provence).

Remerciements à son fils pour ses précieux compléments d’information.

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