Ailette 1940Association Amicale des Anciens Combattants de Manicamp | Manicamp 1940

5 juin 2011 - 71e anniversaire des combats de 1940

Les Turcos du 18 de retour à Manicamp
 
           

Pose d'une plaque commémorative aux Braves du 18e RTA


Pour la 2e édition de la commémoration des combats de 1940 autour de Manicamp (canal de l’Ailette) qui se déroulèrent du 18 mai au 6 juin 1940 dans le sous-secteur du 18e Régiment de Tirailleurs Algériens (87e Division d’Infanterie d’Afrique), une journée de commémoration a été organisée par la dynamique Association Amicale des Anciens Combattants de Manicamp, le dimanche 5 juin 2011. 

La journée a débuté par un émouvant dépôt de gerbes au cimetière militaire de Champs, en présence notamment de la famille du Lieutenant Maxime Viet tombé à Manicamp le 5 juin 1940.

Point d’orgue de cette « journée du 18e RTA de 1940 », deux enfants de combattants du régiment de 1940 (Capitaine André Boigeol et Lieutenant Maxime Viet), ayant été blessé pour l’un et tué pour l’autre sur le territoire de la commune en juin 1940, ont ensuite dévoilé la plaque à la mémoire du 18e Régiment de Tirailleurs Algériens de 1940 au Monument aux Morts de Manicamp en présence de personnalités, élus, portes drapeaux, anciens combattants, ... parmi lesquels le député Jacques Desallangre, deux vice présidents de conseil Général ; Jean Luc Lanouilh du canton de Chauny et Jean Claude Dumont du canton de CoucyCette cérémonie solennelle s’est poursuivie par un dépôt de gerbe.

La participation amicale de la fanfare de Folembray et d’un tirailleur en uniforme de 1940 du 18e RTA 1940 (Collectif France 1940 Reconstitution) rehaussaient les commémorations du matin, qui furent suivies d’un vin d’honneur offert par l'Association aux personnalités présentes.

Après le repas, à la fin duquel fut retracée l’épopée du 18e RTA entre 1919 et 1940, une visite dans la prairie de Manicamp permit à la famille du Lieutenant Maxime Viet, tombé à Manicamp le 5 juin 1940, de découvrir les lieux mêmes et les circonstances de sa disparition.

Un dernier verre de l’amitié terminait cette belle journée et rendez-vous a été pris pour le prochain 1er dimanche de juin, soit le 3 juin 2012.

Allocution de Monsieur Luc Degonville
Premier Adjoint et Président de l'Association Amicale des Anciens Combattants de Manicamp

Manicamp le  5 juin 2011

Ce n'est que grâce aux archives militaires, à quelques historiens et anciens combattants, que l'on connait la formidable résistance et le sacrifice héroïque de l’armée française lors des combats livrés  autour de Manicamp en mai juin 1940.

En dehors des cimetières militaires en effet, aucun monument, aucune plaque dans nos villages ne rappelle le souvenir des hommes venus contenir pendant 20 jours, dans ce coin de terre où l'Ailette rejoint l’Oise, une armée déterminée à asservir l'Europe.

Qui se souvient qu’il faudra début juin deux jours aux allemands pour avancer du canal de l’Oise à l’Aisne jusqu’à à Blérancourt, soit 8 km.

Cette page de notre histoire locale et nationale  se devait de sortir de l’oubli.

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Après l'attaque allemande du 10 mai 1940, comme au cours de la grande guerre, l'Ailette va interdire à l'ennemi la route de Paris par la rive sud de l'Oise : le canal de l'Oise à l'Aisne se trouve début juin 1940 au centre de la « Ligne Weygand », la ligne de la dernière chance.

C'est la 87e Division d'Infanterie d'Afrique, constituée notamment des 9e Zouaves, 17e et 18e Régiment Tirailleurs Algériens, qui arrive sur l'Ailette le 18 mai 1940.

Le 18e RTA prend en charge les ponts entre Champs et le Bac d'Arblincourt.

Dès le 21, les allemands tentent de franchir le canal, ils sont systématiquement repoussés : la 9e Cie du Capitaine André Boigeol contre-attaque pour dégager Manicamp menacé et parvient à rejeter l'ennemi de l'autre côté du canal. 

Au début de juin, le Régiment a totalement relevé le 126e RI dans le quartier de Manicamp désormais occupé par le 3e Bataillon du Capitaine Vigne avec cinq Compagnies : 10e et 9e du Capitaine André Boigeol, 11e, 5e, et la Compagnie d'Accompagnement du 3e Bataillon - la CA3 du Lieutenant Maxime Viet - et deux Sections de Mitrailleuses. La 11e Cie assure la liaison à gauche au pont de l'Oise avec la 23e DI.

D’autres bataillons tiennent le Bois de Manicamp, le Bois de Fèves, Saint Paul aux Bois, Favette, Besme,  Blérancourt.

La Citation à l'ordre de l'armée décernée à la 87e Division d'Infanterie Nord-Africaine relate la suite du glorieux combat qui s'engageait ici il y a 71 ans jour pour jour :

" Attaquée sur la position de l'Ailette le 5 juin 1940, la 87e Division ... a opposé à l'ennemi une résistance héroïque. Toutes ses troupes : Infanterie, Cavalerie, Artillerie, rivalisant d'ardeur pour défendre à outrance les points d'appui, même lorsqu'ils étaient dépassés par l'ennemi ou encerclés, ne se sont repliées que sur l'ordre du Commandement, obligées souvent de se frayer un passage les armes à la main.

" Regroupées après la bataille, ces mêmes unités faisant preuve d'une telle discipline et d'un magnifique esprit de devoir ont pu, à nouveau, être engagées dans de durs combats qui ont marqué la défense de l'Aisne, puis la retraite vers la Seine et la Loire.

" Dans toutes ces opérations, la 87e D.I.N.A. a fait preuve d'abnégation, d'endurance, de vaillance, dignes des grandes traditions de l'Armée d'Afrique. Fin de citation.

Cette retraite en bon ordre permet aux rescapés du régiment d’échapper au « coup de poignard dans le dos des combattants » que constitue le malheureux appel à cesser le combat du 17 juin 1940, qui va livrer plus d'un million de soldats français à l'ennemi et déchirer la France pour de nombreuses années ... On retrouvera ainsi nombre de Tirailleurs du 18e Régiment de 1940 dans les Forces Françaises Libres.

Ainsi, le Capitaine André Boigeol, Croix de Guerre 14-18 – blessé et fait prisonnier à Manicamp le 5 juin 1940, libéré pour raison médicale, il prendra part à la campagne d’Italie en 1944.

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Il y a un an, pour le 70e anniversaire de 1940, notre Association Amicale des Anciens Combattants de Manicamp, a entrepris de faire revivre le souvenir de ces braves trop vite oubliés et elle a souhaité la pose d'une plaque aux combattants du 18e RTA de 1940, conscient que désormais la transmission de la Mémoire de ce régiment ici plus particulièrement nous incombe.

Cette plaque, que nous inaugurons aujourd'hui, fait de Manicamp le premier lieu de mémoire associé au 18e Régiment de Tirailleurs Algériens de 1940.

Cette première plaque se veut une première pierre. Une contribution au devoir de Mémoire, pour ne jamais oublier ces hommes, venus pour bon nombre d’entre eux  de l’autre rive de la Méditerranée défendre la Liberté de la mère Patrie.

Une première pierre aussi pour entretenir et développer les liens renoués depuis un an :
avec des familles d'anciens du 18e RTA, comme aujourd’hui avec les familles VIET et BOIGEOL. Nous aurions souhaité à leurs côtés  des familles venues d'Algérie.
avec  des autres unités de la 87e DIA, …
avec les Associations d'Anciens Tirailleurs,
avec le 1er Régiment de Tirailleurs d'Epinal, détenteur des traditions des unités de Tirailleurs qui, de 1841 à 1964, se sont illustrés sur les théâtres d’opérations militaires du monde entier.

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Le corps des Tirailleurs a en effet été créé en 1841 en l'Algérie, il y a 170 ans cette année. Ces unités, dans lesquelles indigènes et français d'Algérie ou de métropole combattent côte à côte, vont écrire pour l'armée française les pages les plus glorieuses de son histoire.

Ces valeureux soldats seront de toutes les campagnes militaires depuis le Second Empire, y gagnant le surnom de Turcos. Sur leurs étendards s’inscrivent en lettre d’or : la conquête de l'Algérie même, puis la Crimée, l'Italie, le Sénégal, la Cochinchine, le Mexique. La guerre franco-allemande de 1870-1871, la Tunisie, le Tonkin, Madagascar, le Tchad, le Maroc. La Première Guerre Mondiale, la Rhénanie, l'Orient, le Levant, le Maroc. La campagne de France 1939-1940.

Les Tirailleurs seront encore de tous les combats de la Libération ; la Tunisie, la Corse, l'Italie, le débarquement de Provence, les Vosges, l'Alsace. Après-guerre ce sera encore l'Indochine, l'Algérie, avant la dissolution des unités de Tirailleurs en 1964.

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C'est donc une grande fierté pour Manicamp de rendre un hommage mérité aux braves Turcos du 18e RTA de 1940, qui se sont montrés ici sur l’Ailette dignes des longues traditions des Tirailleurs de l’Armée Française d’Afrique.

Ce sont Messieurs BOIGEOL et VIET qui vont officier à cette inauguration. Mr Jean-Paul BOIGEOL dont le père, le capitaine André BOIGEOL commandait les 9ème et 10ème Compagnies du 3ème Bataillon positionnées sur Manicamp, et Mr Jean-Claude VIET dont le père, le Lieutenant Maxime VIET commandant la Compagnie d'Accompagnement du 3e Bataillon, tomba non loin d’ici, dans la prairie entre Bichancourt et Manicamp, le 5 juin 1940.

Lecture des citations … Dévoilement de la plaque … Chant des Turcos

A la mémoire des Turcos du 18e RTA tombés à Manicamp en mai juin 1940, aux Tirailleurs du 17ème , aux Zouaves du 9ème de la 87e Division d’Infanterie d’Afrique. Et à travers eux, à tous ceux qui sont tombés,  il y a 71 ans pour la défense de la Liberté, premiers héros de la première Résistance française.

N’oublions pas les soldats de Manicamp tombés au cours de la seconde guerre mondiale :  le 1er juin 1940 à Chartres pour Emile NANTIER, pour Raymond BELMER et Klébert FRANCOIS, et puis pour Denis COUDAIR arrêté le 22 juillet 1944 avec André GOSSARD, chef du groupe FFI de Quierzy, tous deux disparus lors d’un bombardement le 9 août 1944 à Royallieu.

Pour tous ces combattants



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