Ailette 1940Association Amicale des Anciens Combattants de Manicamp | Manicamp 1940

6 juin 2010


Manicamp ravive le souvenir du 18e Régiment de Tirailleurs Algériens

70e anniversaire des combats de 1940

              

De nombreux élus et portes drapeaux étaient présents le dimanche 6 juin 2010 pour la première cérémonie organisée par l'Amicale des Anciens Combattants de Manicamp en mémoire des combattants de 1940 et en particulièrement des Tirailleurs Algériens du 18e régiment, à l'occasion du 70e anniversaire des combats de 1940. 


En présence d'un Clairon en tenue de tirailleur de 1940 du Groupe 18e RTA 1940, Collectif France 40, le 1er adjoint au maire Luc Degonville a rendu hommage au 18e RTA qui a combattu sur le territoire de la commune de Manicamp puis
une gerbe a été déposée au pied du monument aux morts où une plaque commérative de ces combat doit être posée.

 

Allocution de Monsieur Luc Degonville
Premier Adjoint et Président de l'Association Amicale des Anciens Combattants de Manicamp

Manicamp le 6 juin 2010

Les archives militaires nous indiquent que le 18e Régiment de Tirailleurs Algériens est mis sur pied dans la région d'Alger à la mobilisation de septembre 1939.

Il est constitué de recrues d'Algérie ; des "indigènes" en majorité et aussi des français d'Algérie ou de la métropole.

Au cours de la "drôle de guerre", le 18e RTA quitte l'Afrique du Nord au sein de la 87e Division d'Infanterie d'Afrique en novembre 1939 pour la région de Mailly-le-Camp et reçoit le baptême du feu en février 1940 dans le Secteur Fortifié de la Sarre.

Après l'attaque allemande du 10 mai à travers les Ardennes, le 18e RTA est envoyé, le 18 mai 1940, sur l'Ailette où l'armée française tente de constituer un front. A cette date en effet, malgré la contre-attaque de la 4e Division Cuirassée d'un certain Colonel de Gaulle vers Montcornet, à 75 km de Manicamp, l'ennemi atteint déjà St-Quentin et le lendemain Abbeville coupant définitivement les armées françaises en deux et jetant sur les routes la population du nord de la France dans un exode sans précédent.

Le Général Weygand prend à ce moment la tête des armées françaises et organise au nord l'évacuation par Dunkerque et au sud une ligne défense sur la Somme et l'Aisne.

Au centre de ce dispositif, barrant aux allemands la route tant convoitée de Paris, le 18e RTA, organise défensivement le secteur de Manicamp. Il a à sa droite le 9e Zouaves et le 17e RTA qui conposent avec le 18e RTA la 87e DIA.

A Manicamp, plusieurs maisons conservent aujourd'hui encore la trace des défenses organisées par les Tirailleurs.

Le 19 mai, les allemands arrivent à leur tour sur l'Ailette et tentent de franchir les ponts. Ils seront systématiquement repoussés par les Tirailleurs et les Zouaves pendant 17 jours.

Le 5 juin 1940, au lendemain de la prise de Dunkerque, les 3 régiments de la 72e Division d'Infanterie allemande attaquent en force sur l'Ailette. Ils se heurtent à l'acharnement et l'habileté des Tirailleurs et des Zouaves, à leurs redoutables tireurs cachés dans les arbres et leurs mitrailleuses bien enterrées. Ce n'est qu'au prix de lourdes pertes que l'infanterie allemande parvient à franchir le canal de l'Oise à l'Aisne.

Sur les berges, les combats au corps à corps tournent à l'avantage des Tirailleurs. Ne pouvant réduire cette résistance acharnée, les allemands la contourne et parviennent à déborder Manicamp vers St-Paul-aux-Bois en direction de Blérancourt.

A Manicamp, les Tirailleurs continuent néanmoins de résister "sur place sans esprit de recul" conformément aux ordres reçus.

Le 18e RTA lance alors une vigoureuse contre-attaque depuis la Rue de Noyon, entre St Paul et Besmé, en direction de la Ferme Favette pour dégager les unités encerclées. Appuyés par 2 chars de la Grande Guerre, les Tirailleurs repoussent les allemands et capturent 16 prisonniers. C'était le 6 juin 1940, il y a 70 ans jours pour jour.

Au soir, les Tirailleurs, trop exposés et à court de munitions reçoivent l'ordre de se replier.

Ce repli parfaitement exécuté permet aux Tirailleurs d'être immédiatement engagés dans de nouveaux combats sur l'Aisne.

Le prix payé par les allemands sur l'Ailette est élevé ; pour ces deux jours 1.800 morts, 4.500 blessés et plus de 200 prisonniers. Les pertes des Tirailleurs et des Zouaves sont également lourdes et attestent qu'ici comme ailleurs l'armée française s'est battue courageusement en 1940.

30 Tirailleurs du 18e RTA reposent près d'ici au Cimetière Militaire de Champs

La 87e Division d'Afrique à laquelle appartient le 18e RTA a reçu pour ces faits d'arme une Citation à l'ordre de l'Armée.

Il est impossible d'évoquer les Tirailleurs de l'Armée d'Afrique sans rappeler leur participation décisive aux combats de la libération de 1942 à 1945 en Tunisie, en Italie, en France et en Allemagne avec la 1e Armée Française.

A la mémoire des Tirailleurs du 18e RTA tombés à Manicamp en mai juin 1940,

Et à travers eux, à tous les soldats français, près de 100.000, tombés il y a 70 ans pour la défense de la liberté, premiers héros de la première Résistance française.

A la mémoire des soldats de Manicamp tombés au cours de la seconde guerre mondiale : le 1er juin 1940 à Chartres pour Emile NANTIER, morts de maladie pour Raymond BELMER et Klébert FRANCOIS, et puis pour Denis COUDAIR arrêté le 22 juillet 1944 avec André GOSSARD, chef du groupe FFI de Quierzy, tous deux disparus lors d’un bombardement le 9 août 1944 à Royallieu.

Pour tous ces combattants


Le mot des organisateurs
 
Les 70 ans de 1940 étaient tout d'abord l'occasion de se souvenir que Manicamp fut le théâtre de combats importants en mai-juin 1940. Rien ou presque ne le rappelait jusque là. Nous souhaitons à l'avenir associer d'autres communes des environs à la commémoration de ces combats.
 
2010 a été également l'occasion de rappeler que l'armée française s'est courageusement battue ici comme ailleurs en 1940. Il était grand temps de rendre un hommage mérité à ces courageux combattants. Le hasard a voulu que les hommes qui se battirent à Manicamp en 1940 venaient d'Algérie. Ils appartenaient au 18e Régiment de Tirailleurs Algériens. Les Tirailleurs étaient majoritairement constitués "d'indigènes". Là encore, il est évident que l'histoire n'a jusque récemment pas donnée à ces valeureux combattants la place qui leur est due. Manicamp est fier de contribuer à ce double devoir de mémoire.
 
La date du 6 juin fut également un clin d'œil pour cette première manifestation. Le 6 juin 1940 marque en effet la fin des combats de 1940 à Manicamp, l'entrée du Général de Gaulle au gouvernement de Paul Reynaud. Mais le village conserve aussi un "souvenir" original du débarquement de Normandie de 1944 ; sur le territoire de la commune, un éllément provenant du port artificiel d'Arromanches franchit l'Oise … Manicamp se trouve ainsi associé à cet autre combat pour la liberté.
 

  L'Aisne Nouvelle