Carnets de Patrouilles de Roland Tessier

On trouve un premier récit des derniers instants du Lieutenant Houzé dans Carnets de Patrouilles de Roland Tessier. L'auteur était aviateur en 1939-1940 et après avoir publié en 1941 dans Le Bar de l'Escadrille ses souvenirs personnels, il publie en 1942 dans Carnets de Patrouilles les souvenirs de ses camarades "les pilotes et les équipages d'escadrilles ayant lutté héroïquement dans le ciel, en mai et juin 1940". Il indique que sa "documentation a été puisée à des sources officielles" et mentionne les "Carnets de Marche" des différentes escadrilles : "Pas un nom n'a été changé, qu'il s'agisse du nom d'un homme ou d'un lieu. C'est de l'Histoire."

L'ultime combat du Lieutenant Houzé, le 6 juin 1940, figure dans cette première publication (p. 119). La patrouille est accrochée dans l'après-midi par des Messerschmidt le sergent Hème est blessé, mais parviendra à rentrer, le sergent-chef Janeba se fait descendre, il se pose sur le ventre et rejoint les lignes françaises, le sergent-chef Quéguiner abbat un Messerschmidt. La patrouille rentre mais toute la soirée, on attend le lieutenant Houzé. Certains disent l'avoir vu sauter en parachute dans le lignes ennemies ...

Pour ce qui est de la suite, ce n'est qu'avant de clore l'histoire du GC II/5 que Tessier rapporte une conversation postérieure aux combats avec le commandant Hugues, chef du IIe Groupe de Chasse concernant "la disparition du lieutenant Houzé, descendu en combat aérien le 6 juin 1940 et dont le Groupe resta de longs jours, de longues semaines sans nouvelles..." (p. 162)
 
"- Houzé, voyant son avion touché à mort par une rafale allemande, sauta en parachute et, malheureusement, atterrit entre les lignes... Houzé m'avait dit quelques jours avant sa chute, qu'il ne serait jamais prisonnier : il préférait la mort." Le commandant Hugues explique qu'il essaya de faire entendre raison à Houzé, en vain. "Le jour où il atterrit en parachute entre les lignes, une patrouille de fantassins allemands s'avança vers lui. Plutôt que de se laisser faire prisonnier, Houzé sortit son revolver, tira sur les allemands qui ripostèrent. Et ce qui devait arriver arriva : Houzé fut tué..."

Ce récit s'inscrit dans un raisonnement qui conduit le commandant Hugues à une conclusion : "Et ce qui devait arriver arriva : Houzé fut tué..." Il s'agit donc plutôt d'une hypothèse. Si il s'agit d'un témoignage, Hugues ne dit pas de qui il le tient. Toutefois, cette hypothèse, postérieure à la découverte du corps du pilote en 1941, repose sur plusieurs éléments objectifs : témoignages directs de ses camarades de patrouille sur l’ouverture d’un parachute et la personnalité de l’intéressé, … Elle correspond également au déroulement des combats au sol : Besmé aux mains des allemands, ...

Cette hypothèse raisonnée et réaliste constitue dès lors l'hypothèse officielle, reprise notamment en 1960 dans la présentation, faite par l'École Militaire de l'Air, du Lieutenant Houzé parrain de la Promo 1960.

Lieutenant Pierre Houzé